Vite vite un petit cachemire !

22 janvier 2016 | ,

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Ça y est le froid est arrivé, on cherche en conséquence à se couvrir avec des vêtements chauds. Et quoi de mieux pour ça qu’un pull en cachemire ? D’ailleurs pourquoi tout le monde ne parle que du cachemire ? Qu’a-t-il de plus qu’un pull en laine ? Pourquoi est-ce si cher ? Et puis l’entretenir c’est compliqué, non ? Je vais donc vous faire une petite présentation du cachemire et vous donner quelques conseils d’entretien.

Le cachemire, un luxe ?

Comme beaucoup de personnes, pour moi le cachemire est synonyme de luxe, quelque chose d’assez inaccessible. Mais en passant beaucoup de temps à chiner, évidemment un jour je suis tombée sur mon premier article en cachemire, un pull col roulé rouge et trop grand pour moi ! C’était il y a 10 ans, je m’en souviens très bien puisque je le porte encore aujourd’hui, il est parfait pour travailler à la maison !

Afin d’éviter toute erreur et surtout avec la crainte qu’il rétrécisse, je me suis renseignée avant de le laver. En réalité j’ai surtout lu l’étiquette qui indiquait un lavage à la main, et c’est ce que j’ai fait : lavé à l’eau froide puis mis à sécher sur le fil comme mes autres pulls. Il n’a pas rétréci, ne s’est pas déformé, ni décoloré. Et depuis je le lave à la machine en mode laine à froid avec le réglage d’essorage par défaut et le sèche posé sur deux lignes du séchoir. Plus tard j’ai trouvé d’autres pulls en cachemire et je n’ai jamais eu de souci avec aucun d’entre eux ! Et non, je ne les fait pas sécher à plat sur une serviette, mais… 

Le cachemire qu’est-ce que c’est ?

Il vient d’un duvet qui double le pelage d’une race de chèvre : Capra Hircus ou chèvre cachemire. Celles-ci vivent en Asie et sont originaires de la région du Cachemire, à cheval sur l’Inde, le Pakistan et la Chine. De nos jours on les trouve principalement en Chine, du côté de la Mongolie, mais aussi en Afghanistan ou encore en Iran. Ces régions sont montagneuses et ces petites chèvres évoluent dans des conditions extrêmes (jusqu’à -40°C).

C’est donc pour se protéger du froid qu’elles ont développé ce duvet très fin et très chaud, principalement situé sous le cou mais aussi au niveau des pattes. Quand les températures se réchauffent leur duvet est récolté par brossage. Ensuite les fibres sont classées par catégories. Les catégories 1 et 2 étant celles des poils les plus longs, les plus fins et les plus clairs. Ensuite la laine est lavée puis séchée. Naturellement le cachemire est blanc, d’un point de vue écologique il est préférable de choisir des teintes claires car elles n’auront pas été teintes et donc moins traitées avec des produits polluants.

Moins de teinture signifie aussi que la douceur initiale du cachemire a été conservée ! Sinon vient l’étape de la teinture puis le filage de la laine. Le résultat est à ce moment là un fil très fragile qui va être tordu pour devenir plus solide. Cette torsion se fait 2 fils par 2 fils, ce qui donne les fameux cachemires 2 fils, 4 fils, 8 fils et même 24 fils ! En théorie plus il y a de fils, plus le cachemire est censé être chaud. Mais tout dépend de la qualité des fibres utilisées : un pull en cachemire 2 fils réalisé avec des fibres courtes sera toujours de moins bonne qualité que s’il a été réalisé avec des fibres longues.

Et le cachemire ça vient d’où ?

L’Ecosse est le cœur de la production industrielle de pulls en laine d’agneau, le fameux lambswool. Il existe un savoir-faire hérité du XVIIIème siècle, des machines, mais aussi une eau de bonne qualité qui permet de conserver la douceur de cette fibre cachemire si particulière. On retrouve donc dans ce pays les dernières étapes de tissage, teinture et tricotage du cachemire.

Comment reconnaître un bon cachemire ?

Il existe tellement de choix : allant du bas de gamme jusqu’au luxe, les prix varient énormément, et il y a forcément une raison. Tout d’abord, la qualité commence dès l’élevage, l’alimentation et les conditions de vie des chèvres. Ensuite nous avons vu que les fibres sont classées par catégories. Pour la fabrication, le cachemire est vendu au poids, on comprend alors qu’un pull fait avec des fibres de dernière catégorie pèse moins lourd qu’un pull fait avec des fibres de première catégorie, plus longues.

D’où un prix moins élevé et une qualité moindre puisque moins de matière. Malheureusement les étiquettes de composition ne comportent que très rarement des indications sur le type de fibres utilisées. Autre élément important : le tissage, il en existe de différent types, plus ou moins serrés, donc un pull fin n’est pas forcément synonyme de mauvaise qualité ! Mais essayez de repérer des pulls au tricot serré, dense et régulier. Et regardez la tension dans le tissage : en étirant la maille, elle doit être souple et reprendre sa forme initiale. 

Pour ce qui est de la douceur, malheureusement, on ne peut pas s’y fier. L’extrême douceur d’un pull peut être due à un traitement supplémentaire qu’ont subi les fibres (et qui peuvent donc pelucher). Donc de la douceur oui, mais pas trop.

En revanche, ce qui est certain, c’est qu’un bon cachemire sera de plus en plus beau au fil du temps et des lavages. Et enfin l’élément le plus facile à surveiller pour reconnaître un bon cachemire c’est la façon dont sont faits l’encolure et les emmanchures. Vous devez y voir des diminutions dans les mailles et non pas un simple coupé-cousu de deux panneaux de cachemire. C’est ce qu’on appelle le « fully fashioned ».

Pour conclure, il faut prendre le temps de bien choisir où vous achetez votre cachemire, surtout s’il est neuf. Il y a tellement d’éléments à prendre en compte dans le processus de fabrication que peu d’entreprises peuvent tout contrôler. Heureusement certaines marques indiquent un peu plus clairement ce qu’elles font, comme Muskhane qui a une éthique environnementale et sociale globale.

Le cachemire c’est écologique ?

Vous l’aurez compris, d’un point de vue écologique, à cause de la demande croissante qui existe depuis les années 90, il y a de plus en plus d’élevages intensifs de chèvres. Pour se nourrir, ces dernières broutent l’herbe, mais arrachent aussi les racines avec leurs dents. Cela entraîne la désertification des régions où elles vivent, principalement en Mongolie Intérieure (Chine). Pour en savoir plus sur ce phénomène (de désertification) je vous conseille la conférence TED d’Allan Savory, spécialiste de la question. Je vous rappelle aussi qu’il vaut mieux privilégier les couleurs naturelles, donc sans teinture du cachemire.

Comment laver du cachemire ?

Sachez d’abord que le cachemire aime l’eau. Mais attention ! Ça ne veut pas dire que vous pouvez le laisser tremper plusieurs heures ! Vous risqueriez de vous retrouver avec un mini-pull… En effet, un contact prolongé dans l’eau fait rétrécir un vêtement en cachemire. je vous conseille d’utiliser votre machine à laver.

Choisissez un cycle laine et eau froide (ou 30°C max) avec très peu de lessive (pour linge délicat), sans adoucissant et un nombre de tours maximum le plus faible possible à l’essorage (pour ma machine c’est 600). Sortez délicatement votre pull de la machine et séchez-le à plat sur une serviette de toilette à l’abri de la lumière.

Pourquoi la machine et non pas un lavage à la main ? Car les mouvements qu’on peut faire en nettoyant à la main peuvent être moins délicats qu’en machine, et surtout on peut avoir tendance à essorer trop fort, ce qui est mauvais pour les fibres et risque de déformer le pull.

Utilisez peu de lessive car ce n’est jamais bon de trop en mettre. N’ajoutez pas d’adoucissant car le cachemire est naturellement très doux et ça risquerait de le faire feutrer. Lavez votre pull après l’avoir porté 2-3 fois, car un cachemire a besoin de respirer et sinon les bouloches commencent à arriver ! Comme indiqué sur les étiquettes, vous pouvez repasser le cachemire à fer doux ou moyen et même utiliser la vapeur ! Le mieux étant de le repasser à l’envers et avec une serviette ou un torchon par-dessus.

Et les bouloches ?

C’est un phénomène mécanique inévitable, ne vous inquiétez pas ! Généralement au bout de 10 lavages les rejets à l’origine de ces bouloches cessent et surtout plus un cachemire est lavé plus il est doux ! Mais si vous avez toujours des bouloches sur vos pulls enlevez-les délicatement à la main ou encore plus délicatement avec un rasoir (usagé c’est plus sûr et ça contribue au recyclage) en faisant attention de bien positionner le pull sur une surface plane.

Si un pull bouloche ce n’est pas forcément signe de mauvaise qualité, c’est plutôt lié à des frottements habituels (un sac sur le côté par exemple). Néanmoins, plus le fil de cachemire est de qualité, plus il est long, et moins il fait de bouloches.

Au final un cachemire d’occasion est une très bonne idée ! Le cachemire est l’un des produits les plus intéressants à acheter vintage. Avec une durée de vie d’environ 20 ans vous pouvez tout à fait en trouver de seconde main ET de qualité, de plus il devrait avoir perdu ses bouloches et sera encore plus doux !

N’hésitez pas à visiter la boutique Vintage Signature pour voir les derniers arrivages sous le signe du cachemire 🙂